Nous avons évoqué dans un article précédent les intérêts d’une relocalisation puis avons listé des pistes de moyens pour la mettre en œuvre. Mais quels sont réellement les chiffres de la relocalisation en France ? Et quelles raisons poussent les entreprises à revenir en France ?

Bien qu’encore faible, la tendance à la relocalisation en France est en hausse. Entre mai 2014 et septembre 2018, la Direction Générale des Entreprises (DGE) ne recense que 98 cas de relocalisations sur le territoire national. Si cela parait peu, le Medef estime que cette tendance permettra à l’industrie de de représenter 15 % du PIB d’ici cinq ans, contre 12% aujourd’hui. A noter que même le secteur textile, fortement impacté par la mondialisation, s’inscrit dans cette tendance : en 2016 il crée plus d’emplois qu’il n’en détruit, une première depuis quarante ans. Tous les secteurs ne relocalisent pas de la même façon pourtant, et la DGE détaille à ce sujet : les relocalisations ont lieu majoritairement dans la métallurgie (24%), les industries agro-alimentaires (12%), la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques (13%). Viennent ensuite les secteurs du textile, de l’habillement et des chaussures (11%), puis la fabrication de machines et d’équipements (8%).

La part des différents secteurs s’explique en partie par les raisons qui poussent les entreprises à relocaliser. El Mouhoub Mouhoud, économiste spécialiste des questions de mondialisation, délocalisation et relocalisation, explique à ce sujet que trois formes de relocalisation doivent être distinguées :

  • Un inversement des coûts engendrera une relocalisation dite ricardienne. Si, d’une part, il est possible d’augmenter la productivité (par l’automatisation voire la robotisation par exemple) et que d’autre part des coûts auparavant bas augmentent fortement (c’est le cas des coûts de transport aujourd’hui et du coût salarial dans beaucoup de pays), alors « il devient rentable de rapatrier la production ».
  • Un second type de relocalisation est celui qui intervient suite à un choix nécessaire entre plusieurs sites de production (pour des raisons financières et de manque de productivité le plus souvent).
  • Enfin, on dit d’une relocalisation qu’elle est schumpétérienne lorsque c’est l’innovation qui permet un gain de compétitivité. On cherchera alors des compétences en R&D, des connaissances scientifiques ou d’ingénierie de grande qualité en revenant au pays d’origine et non plus sur les sites de productions délocalisés. A ce sujet, El Mouhoud précise ainsi que « quand l’activité ne nécessite pas de matériel spécifique, comme c’est le cas des centres d’appel par exemple dans le secteur des services, la tendance est encore à la délocalisation ».

L’analyse de la DGE à ce propos est un peu différente puisqu’elle avance trois raisons qui poussent les entreprises au retour en France : la montée en gamme des processus de production, l’amélioration de la réactivité des entreprises et la nécessité de la qualité.

Pour finir, on peut noter que, à l’échelle européenne, la France est à nouveau attractive pour les entreprises : d’après le cabinet EY qui a publié un baromètre à ce propos en juin dernier, en 2018 la France était la première destination européenne des investissements dans l’industrie et la R&D. On parle bien ici d’attractivité à l’international pour des implantations industrielles ou de centres de R&D. Des motivations assez similaires à celles des entreprises françaises qui relocalisent.

La relocalisation en France est donc bien possible. Nous en verrons deux exemples dans les semaines à venir.

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Source et approfondissements :
Ça y est, nos industries relocalisent enfin en France – Capital
Relocalisation en France : encore un effort ! – EcoRéseau Business
Attractivité : la France en tête en Europe dans l’industrie et la R&D